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Naissance : Le soutien dans l'épreuve

Comment les papas vivent l’accouchement ? Témoignages


Ecrit le 12/08/2022 par Eloïse Dohmen, Rédactrice et sophrologue
Modifié le 12/08/2022

Quel moment intense qu’est la venue au monde de votre bout de chou. De la douleur, un carnaval d’émotions, des larmes, des rires… Un accouchement est un moment unique dans une vie. Beaucoup de mamans témoignent de leur expérience, mais qu’en est-il des papas ?

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Julien : « ça a été beaucoup d’émotion »

L’accouchement est un gros chamboulement, également pour les papas. Soutenir leur compagne comme ils le peuvent, se demander si tout va bien se passer, être fatigué après des heures de travail… Julien et Laurent nous ont fait part de leur témoignage.

Julien est devenu papa pour la première fois il y a quelques semaines, et nous raconte son expérience :

Comment s’est déroulé l’accouchement ?

« Ça a été un accouchement long et fatiguant. Elle a perdu les eaux à trois heures du matin, on est partis à quatre heures à l’hôpital, mais il n’avait pas encore envie de se pointer. On a passé la nuit, ce qui n’était vraiment pas confortable. Parce que j’ai dormi sur un fauteuil en cuir bien dur.

Le lendemain matin on a eu les médicaments pour provoquer. Ça a duré pas mal de temps avant que le travail commence. Elle a eu une péridurale : la douleur est bien passée, puis elle revenait.

Oui, ça a été long. C’était fatiguant. Et notre fils est arrivé vers 4 heures du matin.

Je me doutais que ça faisait mal, mais pas que c’était si long ! J’avais en tête qu’une fois qu’elle avait perdu les eaux, il allait sortir dans les heures qui suivent, mais pas en 24 heures. Mais voilà, il est arrivé, ça a été beaucoup d’émotion. Il y a eu beaucoup de joie. Voilà, sur le fait, on se dit qu’on est papa ! 

À l’hôpital, tout le monde était vraiment aux petits soins. Du personnel vraiment très agréable. Je ne regrette rien. Pour le choix au niveau humain, et le choix de l’hôpital, franchement tout s’est bien passé. Mon fils est né avec un pied bot. Aux échographies, on ne l’avait pas vu. Mais il a été soigné, et tout se passe bien. Mon fils, c’est le cadeau de mes trente ans. C’est mon premier enfant qui me comble de bonheur ».

Comment as-tu pu aider durant l’accouchement ?

« Je n’ai pas fait grand-chose au début, parce que je ne savais rien faire. J’ai dû attendre, comme elle, que le travail commence. Elle a eu des contractions dans la cuisse, du coup j’ai dû lui plier la jambe, lui masser la jambe pour essayer de faire passer la douleur. Puis, c’est la motiver à pousser, lui tenir la main, la rafraîchir, toujours rester à côté d’elle.

Oui, il y a un peu de stress, on essaie de compatir, mais on ne sait pas ressentir la douleur à sa place. Elle ne voulait plus pousser, donc on a essayé de tout faire pour la remotiver. 

J’ai eu aussi le petit stress du : « je ne regarderai pas la sortie ». Mais la sage-femme me disait « venez voir, venez voir ! ». Donc, j’ai regardé, et j’ai vu. Je voyais le cordon, et elle me disait « vous voulez le couper ? ». Puis j’ai dit : « Oui… Non, je ne sais pas… Vous êtes sûre ? ».

Mais tout s’est bien passé. Pour moi c’était un bon souvenir ».

Quels conseils peux-tu donner aux futurs papas ?

« Toujours rester là pour accompagner madame. Lui donner de la motivation, limite essayer de pousser avec elle. Lui donner de la force, la réconforter, être aux petits soins, on va dire.

Une fois que bébé est là, il faut la laisser se reposer un peu, s’occuper de bébé pendant ce temps-là ».

Laurent : « je les ai vraiment vécus à fond »

Laurent a assisté à deux accouchements à dix ans d’intervalle (24 et 34 ans). Son expérience est différente pour chacun d’entre eux. Pour lui, c’est important d’être informé, et de s’investir pour accompagner la maman.   

Comment s’est déroulé le premier accouchement ?

« À partir du moment où elle perd les eaux, tu es un peu en panique. Tu ne sais pas trop ce qui se passe. J’avais tendance à me dire : c’est maintenant, on n’a pas le temps. On a le stress qui monte : vite, on démarre, on y va.

Puis arrivés à l’hôpital, il y a eu la visite de contrôle avec le toucher pour voir un peu où ça en est. Il y avait deux centimètres d’ouverture environ, et donc on nous dit qu’il faut attendre, parce que ça se prépare. Je me renseigne quand même beaucoup, donc je pose pas mal de questions. On a été pas mal accueillis, on avait des réponses.

C’est par après que ça s’accélère et que, dans mon cas, tout s’est passé d’un coup, et je n’étais pas prévenu. C’est le bassin qui empêchait le passage de l’enfant, et du coup son cœur commençait à s’arrêter. Ses contractions n’étaient pas spécialement plus rapprochées, et elles disaient toujours « la gynécologue va arriver, elle va arriver ». Mais elle n’arrivait jamais. On lui a fait la péridurale pour limiter un peu les douleurs, ce qui a bien fonctionné. Et puis, ils sont arrivés en panique avec la gynéco, et elle a dit : « on la sort ! ». Et moi j’étais là : « mais non ? Non, ce n’était pas prévu comme ça ? ». Puis elle me dit : « vous voulez qu’on sorte un enfant mort ? ». J’ai trouvé qu’elle n’était pas spécialement rassurante.

Mais du coup, elle a bien agi, parce qu’effectivement, ma fille était en train de mourir. Donc, elle est entrée dans l’ascenseur avec toutes les infirmières. J’ai voulu entrer dans la salle d’opération pour la césarienne, mais je n’ai pas pu, on m’a bloqué devant. Je n’ai pas pu assister. (…) C’était stressant, je vois ma femme qui part, elle pleure, elle me dit : « je t’en supplie vient avec moi », et moi je ne peux pas la suivre. Et on me met dans une salle d’attente, on ne me prévient pas spécialement. Puis on me dit que l’enfant est là. Je n’ai pas compris.

J’ai trouvé, quand même, que la préparation aurait pu être mieux faite. Vis-à-vis de la césarienne qui a été faite en urgence. Ok j’ai vu la petite d’abord, mais où est la maman ? Je vois ma femme partir, et je ne la vois pas revenir. Et ça m’a rassuré de voir qu’elle allait bien. »

Comment s’est déroulé le deuxième accouchement ?

« Ça a duré très longtemps, mais là, au début, ça se passait bien. Il descendait correctement. Mais après, elle a commencé à avoir des contractions toutes les minutes, voire moins. Et on nous a dit que c’étaient des fausses contractions. Un faux travail. On a passé une nuit blanche parce que toutes les minutes il y avait des contractions. Une fois qu’elle est arrivée à 4 cm et demi, elle a pu avoir la péridurale, mais elle n’a pas fonctionné.

Et je trouve, que je n’ai pas été beaucoup aidé, moi. On s’occupait beaucoup de maman, mais papa, euh… Voilà. Le stress que j’accumulais, ça peut aussi jouer. J’avais besoin de beaucoup plus d’informations. Pour moi, un accouchement de 40 heures, ce n’est pas normal. Que la péridurale ne fasse pas effet, ce n’est pas normal. La souffrance qu’elle avait, moi je ne pouvais pas supporter.

On a eu de la chance, on est tombés sur une stagiaire qui est venue assister. La maître de stage est venue nous parler (…). Et là, j’ai senti que j’étais compris et que ça allait changer. Elle a dit : « maintenant je vais vous expliquer ce qui va se passer. Je vais donner un calmant, ça va stopper les contractions, on va l’endormir. Puis le travail se relancera naturellement. ». Et à 15 h il était sorti, comme elle l’avait dit. Et ça fait plaisir, dans ces cas-là, de se sentir écouté et compris.

Comment as-tu pu t’investir lors de l’accouchement ?

« Pour le premier accouchement, c’est moi qui ai dû monter avec la petite, et j’ai eu tout le suivi postnatal. C’est moi qui ai géré les prises de tension, la toilette, et puis le peau-à peau. Puis, j’ai été la donner à sa maman une heure et demi après.

Ce qui est difficile pour nous, c’est qu’on a un rôle important à jouer à tout moment, mais on ne sait pas trop ce qu’on peut et ne peut pas faire. Je trouve que c’est important de poser les questions : « qu’est-ce que tu veux que je fasse ? », « comment ? », « est-ce que tu as besoin de quelque chose ? ». Vraiment être là par soutien. Et puis, là où on prend vraiment du plaisir, je trouve, c’est dans le peau à peau.

Pour le deuxième accouchement, moi j’ai tout regardé, j’ai vu l’épisio. Si je peux donner un conseil : si tu ne te sens pas très à l’aise, alors mets-toi un peu plus loin, parce que si t’es vraiment à côté, tu vas tout voir. Mais c’est, je pense, vraiment important pour la maman, que le papa soit présent et qu’il soit à côté. J’ai soufflé avec elle, moi j’étais à fond, j’accouchais avec elle. Ils ont dit : « le papa il est à fond ». Je pense que c’est aussi important pour la maman de sentir que le papa est investi.

Et du coup, j\' ai aussi pu faire le peau-à-peau. Elle l’a gardé une demi-heure sur elle, mais il pleurait beaucoup, et quand je le prenais, il se calmait. Donc elle m’a dit : « garde-le, il est mieux chez toi ». Et moi, comme j’adore le peau-à-peau, je l’ai pris pendant une heure. J’ai aussi fait la toilette. J’y tenais, parce que je l’avais déjà fait pour ma fille, et je voulais aussi que ça soit le cas pour mon fils.

Les jours qui suivent l’accouchement, c’est important que le papa soit présent. Je pense que c’est important aussi que le papa s’investisse dans tout ce qui est toilette. Il faut se mettre dans le bain tout de suite et puis ça roule tout seul.

Ce qui est revenu pour les deux accouchements, c’est que j’ai adoré le peau-à-peau. Je trouve que ça devrait être fait dans tous les cas. Même une petite demi-heure, c’est un contact, un lien que tu crées avec ton enfant, et c’est le plus important. Tu ressens vraiment que tu as une connexion. Tu es super bien et tu as vraiment le temps de profiter. C’est un peu notre accouchement aussi quand même. Je les ai vraiment vécus à fond ».