Les contractions de Braxton-Hicks
Ecrit le 09/04/2025 par Anaïs Dehaye, Sage-femme
Il est vrai que lorsqu’on entend le mot « contraction », nous pouvons plutôt l’associer à l’accouchement. Cependant, durant la grossesse, des contractions peuvent survenir, c’est ce qu’on nomme les contractions de Braxton-Hicks.
Elles sont parfois aussi appelées "fausses contractions", mais sont en réalité un entraînement essentiel pour l’utérus avant le jour J. Ces contractions permettent de renforcer le muscle utérin et de l’adapter à la croissance du bébé, à la manière d’une répétition générale avant le grand concert de l’accouchement.
Pourquoi ces contractions surviennent-elles ?
L'utérus est un organe composé de muscles lisses, constitué de fibres musculaires qui se contractent tout au long de la grossesse. On l’appelle le myomètre. Contrairement aux muscles striés (comme ceux du biceps, par exemple), qui sont sous contrôle volontaire, le muscle lisse de l'utérus fonctionne de manière autonome, de façon involontaire, sans que l'on puisse contrôler ces contractions. On ne peut pas "demander" à l’utérus de se contracter.
Les contractions de Braxton-Hicks peuvent survenir tout au long de la grossesse, et jusqu’à 10-15 fois par jour. Elles sont généralement irrégulières et souvent indolores ou légèrement inconfortables, sans provoquer de modifications du col de l’utérus. Certaines femmes peuvent ne pas les ressentir du tout ou seulement à la fin de leur grossesse, tandis que d'autres les percevront quotidiennement. Il n’y a pas de règle fixe.
Ces contractions peuvent être déclenchées par :
- L’activité physique (sport, longues marches)
- La déshydratation
- Une pression sur l’abdomen (comme une échographie, mouvement du bébé)
- Les rapports sexuels
- Une vessie pleine
Les Braxton-Hicks sont une réaction musculaire du myomètre (muscle utérin) face à ces différents stimuli. Elles ont pour rôle de permettre aux fibres musculaires de l’utérus de se renforcer et de s’adapter à l’augmentation progressive de la taille du bébé. En étirant et en allongeant ces fibres, elles favorisent l’agrandissement de l’utérus, un processus connu sous le nom d'hypertrophie musculaire.
Au fur et à mesure de la grossesse, ces contractions entraînent également une augmentation progressive du nombre de récepteurs à l’ocytocine dans l’utérus. L'ocytocine est l'hormone clé du travail et des contractions. L'augmentation de ces récepteurs permet alors à l'utérus de répondre plus efficacement à l'ocytocine, facilitant ainsi les contractions lors de l'accouchement et permettant à l’utérus de se contracter de manière plus forte et plus régulière au moment du travail.
Les mécanismes hormonaux
Les contractions utérines dépendent d'un équilibre hormonal précis, qui évolue au fil de la grossesse. Ce processus est régulé par différentes hormones, chacune jouant un rôle spécifique dans la préparation du corps à l'accouchement.
1. La Progestérone
Dès le début de la grossesse, la progestérone est sécrétée par le corps jaune, puis par le placenta. Cette hormone est essentielle pour maintenir la grossesse, car elle :
- Inhibe une contractilité trop forte du muscle utérin, afin de prévenir un accouchement prématuré.
- Diminue la sensibilité des récepteurs de l'utérus à l'ocytocine.
- Favorise la détente du myomètre, permettant ainsi à l'utérus de se relâcher. À mesure que l'accouchement approche, la production de progestérone diminue progressivement, laissant la place aux autres hormones qui vont déclencher le travail.
2. L’Ocytocine
L’ocytocine, libérée par l’hypophyse, est l’hormone clé des contractions durant le travail. Son rôle principal est de :
- Stimuler les contractions utérines.
- Augmenter la sensibilité des récepteurs utérins à son effet à mesure que la grossesse progresse.
- Renforcer la coordination et l’intensité des contractions lorsque le travail commence.
Durant les contractions de Braxton-Hicks, l'ocytocine est présente en faible quantité et ses récepteurs utérins ne sont pas encore pleinement activés. Cela explique pourquoi ces contractions restent modérées, irrégulières et sans effet sur le col de l'utérus.
3. Les Prostaglandines
Les prostaglandines, produites par l’utérus et le placenta, jouent un rôle dans la maturation du col à l’approche de l’accouchement.
Elles :
- Assouplissent et modifient la structure du col utérin, le rendant plus réceptif aux contractions de travail (le ramollit, le raccourcit).
- Stimulent la production d’ocytocine, renforçant ainsi l’intensité des contractions lors du travail.
Pendant les contractions de Braxton-Hicks, les prostaglandines sont présentes en faible quantité, ce qui explique pourquoi elles n’ont pas d’effet sur le col de l’utérus.
Différences entre les contractions de Braxton-Hicks et celles du travail
Caractéristiques | Contractions de Braxton-Hicks | Contractions du travail |
---|---|---|
Régularité | Irrégulières | Régulières |
Intansité | Faible | Augmentent en intensité |
Fréquence | Varient, peuvent être occasionnelles | Augmentent progressivement en fréquence |
Présence | S'estompent au repos | Ne disparaissent pas avec le repos |
Douleur | Légèrement inconfortables, parfois indolores | Douleur dans le bas-ventre, le bas du dos, croissante |
Modification du col | Aucun effet sur le col de l'utérus | Modification du col, ouverture progressive |
Rôle | Répétition | Travail actif, préparation à l'accouchement |
Un entraînement pour l’accouchement
Bien qu’elles puissent être parfois déroutantes, les contractions de Braxton-Hicks jouent un rôle bénéfique tout au long de la grossesse car elles permettent de renforcer le muscle utérin.
En se contractant de manière ponctuelle, l’utérus s’entraîne et développe sa tonicité, ce qui le rend plus efficace lors de l’accouchement.
Cela optimise également la circulation sanguine utéro-placentaire. En favorisant une alternance entre contraction et relâchement, elles améliorent le flux sanguin entre l’utérus et le placenta, permettant de garantir un apport optimal en oxygène et en nutriments au bébé.
Quand consulter un professionnel de santé ?
Avant 37 semaines de grossesse, consultez si :
- Les contractions deviennent régulières et douloureuses
- Vous ressentez une pression pelvienne inhabituelle
- Il y a une diminution des mouvements du bébé
- Il y a des pertes de sang ou de liquide amniotique
Après 37 semaines, des contractions régulières et intenses peuvent être le signe du début du travail : plonger dans l’intensité et laisser vous guider par vos ressentis afin de vous rendre à votre lieu d’accouchement ou d’appeler votre sage-femme pour qu’elle vienne vous accompagner à domicile au moment le plus juste pour vous.
Les contractions de Braxton-Hicks sont une préparation physiologique du corps à l’accouchement, comme l’image d’un orchestre qui répète avant son grand concert.