« Si vous hésitez à avoir des enfants, vous vous posez plein de questions »
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Se préparer à avoir un bébé

Interview : « Si vous hésitez à avoir des enfants, vous vous posez plein de questions »


Ecrit le 01/02/2023 par Family Service,
Modifié le 21/05/2024

Patricia (39 ans) est maman de deux fils de 6 ans et de 3 mois. Elle s’est longtemps demandé si elle voulait des enfants ou pas, et elle a écrit un livre à ce sujet « Twijfelmoeder ». « À présent, beaucoup de gens me disent que mes doutes ne servaient à rien, et je me sens mal comprise. »

« Pour mon homme, il a toujours été très clair qu’il désirait avoir des enfants. Avant de me mettre en couple avec lui, je n’y avais encore jamais pensé, et le sujet n’avait encore jamais été abordé. Jusqu’au moment où notre entourage a commencé à avoir des enfants, et que j’ai eu un bébé dans les bras lors d’une visite à la maternité. En tant que femme, on nous demande souvent si on veut tenir le bébé, ou lui donner le biberon, mais je n’ai pas eu cette envie. Même maintenant, après avoir eu deux enfants, je ne vais pas me précipiter pour prendre le bébé de quelqu’un d’autre dans mes bras. »

« Une fois que vous êtes dans une relation stable, ce désir d’enfant commence à être abordé. Nous sommes arrivés au point de nous marier, et j’ai remarqué que mon futur mari était prêt à avoir des enfants. Il désirait devenir jeune papa, mais nous avions déjà presque 30 ans. Nous en avons beaucoup discuté, les larmes ont coulé, et nous nous sommes disputés. Je me suis donc fixé une deadline à moi-même pour prendre ma décision, afin de rester honnête envers lui. Je devais me décider pour mes 33 ans, afin qu’il puisse encore éventuellement trouver une autre partenaire pour avoir des enfants. Quand vos rêves sont aussi différents, vous pouvez toujours vous aimer autant, mais à la fin vous pourriez finir par vous en vouloir. J’ai été confrontée à ce type de récit en discutant avec d’autres femmes. Une personne a mis de côté son désir d’enfant pour son compagnon, mais cela l’a fort attristée. Finalement, la relation s’est terminée lorsqu’elle avait pratiquement 40 ans, et elle n’a pas réussi à tomber enceinte avec son nouveau partenaire. Souvent, j’entends des femmes raconter qu’elles commencent à avoir des enfants parce que leur partenaire souhaite en avoir. Mais qu’en est-il s’il vous quitte plus tard ? Ou s’il tombe malade et que vous restez seule ensuite ? »

La pression de la société

« Pendant que j’hésitais, je me sentais assez seule, parce qu’il me semblait que toutes les femmes voulaient avoir des enfants. La société est également très concentrée là-dessus, et cela nous met une pression énorme. Une fois que vous achetez une plus grande maison et que vous optez pour une plus grande voiture, on vous demande si c’est pour vos futurs enfants. Cela m’a fait sentir différente. Comme si je n’étais pas une femme normale. C’est ce qui m’a donné l’inspiration pour écrire mon blog www.twijfelmoeder.nl. Et c’est ensuite que mon livre De Twijfelmoeder a vu le jour. Grâce à mon blog et à mon livre, j’ai pu en discuter avec toutes sortes de femmes et d’hommes. Et j’ai pu entendre plus d’une fois que ‘’les enfants sont la meilleure chose qui soit’’ ».

« Chez les hommes, ce thème est encore moins présent, peut-être parce qu’il n’y a pas de ‘’date d’expiration’’ chez eux. Les femmes font davantage l’expérience de cette pression, et ce sentiment d’être en retard. Mon homme trouve aussi que les hommes en parlent moins, mais cela rend la situation encore plus douloureuse quand un homme y fait face. Pour une femme, il existe la possibilité de devenir consciemment mère célibataire, ce qui n’est pas le cas pour les hommes. »

Des témoignages sincères

« Beaucoup de femmes m’ont souvent raconté que le fait de devenir parent est la plus belle chose au monde. Mais elles n’abordent pas les côtés négatifs, qui peuvent être assez lourds. Notre bébé a beaucoup pleuré, et c’est super intense. De nos jours, on entend de plus en plus d’histoires d’autres parents qui ont été dans la même situation. Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement dire que la parentalité est également bien épicée, et que cela est parfois très difficile ? Nous avons besoin de bien plus de points de vue pour former une image plus réaliste. Laissons tomber tous les jugements que l’on porte les uns sur les autres, et discutons franchement de ce que c’est vraiment. Il en va de même pour l’accouchement. Soit on entend les histoires extrêmes, ou soit les histoires pour lesquelles l’accouchement s’est passé super facilement. Mais il y a également l’entre-deux. Par exemple, je n’avais encore jamais entendu quelqu’un parler d’accouchement provoqué, et je n’avais aucune idée de ce que c’était jusqu’au moment où j’ai dû choisir. »

« Après avoir longtemps hésité, nous avons décidé – il y a six ans - d’avoir un enfant. Mais même à ce moment-là, je n’ai jamais été sur un nuage rose. La sage-femme m’a demandé s’il avait bien été désiré, parce que je ne réagissais pas comme d’habitude. Je suis toujours restée très neutre durant ma grossesse : ce n’était pas un nuage orageux, mais pas un nuage rose non plus.

Vous devez encore apprendre de cette expérience, et il est tout à fait normal d’être incertaine. Beaucoup de gens me disent, maintenant, que mes doutes n’ont servi à rien, et je me sens mal comprise. Ces doutes m’ont justement aidée à réaliser ce choix de manière consciente, et également à communiquer ouvertement à propos de ce défi qu’est la parentalité. »

Éplucher un oignon

« Si vous hésitez à avoir un enfant, vous devez certainement vous poser beaucoup de questions. C’est un peu comme éplucher un oignon. Vous souhaitez mettre l’accent sur votre carrière ? Vous voulez voir le monde ? Est-ce que vous voulez surtout des enfants parce que votre partenaire ou vos parents en ont envie ? Comment vous voyez-vous dans la répartition des tâches ménagères ? Souhaitez-vous être une femme qui continue à travailler tandis que son homme s’occupe des enfants, ou est-ce que votre enfant se rend cinq jours par semaine à la crèche ? Et alors, vous entendez très souvent la réaction : ‘’tu n’es pas devenue mère pour ça’’ ».

« Mon livre comporte surtout un contenu destiné à ceux qui ne veulent pas se sentir seuls dans cette situation. Vous y retrouvez un peu d’histoire à propos de la planification familiale, et vous apprenez surtout à expérimenter ce que soulève exactement ce doute chez vous. Le livre rassemble toutes les sortes de raisons d’hésiter, complétées avec les témoignages des personnes qui ont décidé de se lancer, ou non. Vous n’allez pas spécialement pouvoir effectuer votre choix directement après avoir lu le livre, mais vous saurez sur quels aspects porter votre attention. »